Dans son édition du 21 mars, le magazine “Valeurs actuelles” consacre une double page à la recrudescence de violences perpétrées contre les Chrétiens du Kosovo depuis le début de cette année.
L’article « Guerre contre les morts au Kosovo » relaie les propos du fondateur de Solidarité Kosovo (SK), précisant qu’il s’agit «d’une des rares ONG s’aventurant au cœur de cette zone grise pour aider les habitants des enclaves ».
Témoignant de la visibilité de notre action sur le terrain, portée par votre engagement à ses côtés, Solidarité-Kosovo vous retranscrit ci-après l’article dans son intégralité.
“Guerre contre les morts” au Kosovo, Valeurs Actuelles, 21 mars 2013, pp.40-41.
Les musulmans albanais de l’ancienne province historique serbe profanent les cimetières chrétiens. Sur fond de trafics mafieux.
Des tombes éventrées à l’explosif, des croix renversées, des ossements éparpillés à la pelle … Depuis janvier, des centaines de sépultures sont profanées dans les cimetières chrétiens du Kosovo. Les gens parlent d’une “guerre contre les morts” menée dans le cadre d’une recrudescence des persécutions antiserbes dans ce Kosovo indépendant de la Serbie depuis 2008, peuplé à 94% d’Albanais musulmans. Majoritaires jusque dans les années 1950, les Serbes orthodoxes n’y sont plus que 120 000, concentrés dans le nord (60 %) ou assiégés dans des enclaves au centre et au sud.
Leur statut est un enjeu important dans l’apaisement des relations entre Belgrade et Pristina. Sous l’égide de Bruxelles, les deux pays tentent de trouver un modus vivendi, préalable à leur intégration dans des structures internationales. La Serbie vise l’Union européenne; le Kosovo, l’Onu.
Ce n’est pas un hasard si, quelques jours avant le Noël orthodoxe (7 janvier), une cinquantaine de tombes ont été vandalisées au sud de Pristina, dans le cimetière de Kosovo-Polje, au coeur d’une région appelée “vieille Serbie”ou Kosovo-Métochie—du grec metohion, désignant les terres de l’Église. Depuis, les églises et cimetières chrétiens subissent des attaques en règle, orchestrées via les réseaux sociaux par des mouvements islamo-nationalistes bataillant pour le rattachement du Kosovo à une “Grande Albanie”.
Pour l ’ évêque du Kosovo, Mgr Théodose, il s’agit des « instants les plus douloureux depuis les pogroms antichrétiens de 2004 ». Le Français Arnaud Gouillon, fondateur de Solidarité Kosovo (SK), l’une des rares ONG s’aventurant au coeur de cette zone grise pour aider les habitants des enclaves, déplore :«Des centaines de cimetières en ruines témoignent de la “guerre contre les morts” menée depuis des années par des extrémistes voulant détruire l’identité serbe et chrétienne.»
Les brimades se multiplient à tous les niveaux. Les enfants serbes sont caillassés à l’école, des maisons sont incendiées. Le 17 janvier, deux attentats à la grenade ont frappé le nord du Kosovo. Pristina a même refusé au président serbe, Tomislav Nikolic, le droit d’assister aux traditionnelles cérémonies de Noël au monastère de Gracanica. Sans doute pour éviter un incident diplomatique: des policiers albanais, interrompant la messe de la Nativité, ont envahi le monastère pour y arrêter 10 jeunes Serbes ! Brutalisés durant quarante-huit heures, ils ont été relâchés sans explication.
Krstimir Pantic, le responsable serbe des Affaires kosovares, estime que ces violences ont pour but de faire capoter les négociations. Le premier ministre kosovar, Hashim Thaçi,accepterait que le nord du Kosovo continue de vivre sous l’autorité implicite de Belgrade, à condition que la Serbie renonce à encourager la partition de cette enclave et reconnaisse l’indépendance de Pristina. Belgrade s’y refuse mais pourrait accepter que Pristina intègre des organisations internationales si les autorités kosovares accordaient une autonomie à la minorité serbe du Kosovo.«Un accord provisoire a été conclu sur les passages frontaliers, jusqu’alors sous haute tension », relève Pantic. Selon un proche de la mission européenne Eulex, « certains Albanais du Kosovo refusent une stabilisation qui “normaliserait” cette zone grise, plaque tournante de nombreux trafics à destination de l’Union européenne. Cela ferait perdre de juteux profits à une criminalité organisée gangrenant l’administration et le monde politique ».
Les persécutions sont, comme toujours, condamnées par les autorités kosovares, la Serbie, Bruxelles et la mission de l’Onu au Kosovo (Minuk). La Russie doute cependant que ces déclarations officielles soient suivies d’une recherche active des coupables. Elle dénonce « une tendance dangereuse, encourageant la connivence des partenaires occidentaux avec des éléments belliqueux ».