Ils sont arrivés hier, vendredi 3 août vers 13 heures, sous un soleil écrasant, après près de 12 heures de route pour certains. En effet, c’est à deux heures du matin que le Père Serdjan, le diacre Milovan et le reste de l’équipe d’encadrement sont montés dans le bus qui, partant de Gracanica, a fait le tour des enclaves chrétiennes du Kosovo pour embarquer là trois enfants, là sept, là deux. Au petit matin, dix enclaves avaient été visitées et quarante enfants de sept à quatorze ans somnolaient dans le bus qui maintenant faisait route vers l’hôtel Kamelija, à Tivat au Monténégro.
A la descente du bus, assommé par la courte nuit et le long trajet, chacun cherche sa valise, encore un peu intimidé par tous ces autres enfants qu’on ne connaît pas encore et cet endroit nouveau, si nouveau. La plupart de ces enfants n’ont jamais quitté le Kosovo, certains même ne sont jamais sortis de leur enclave, dont certaines ne sont que de petits villages où une centaine de mètres à peine séparent la place centrale de la frontière invisible qui leur garantit vaguement la sécurité. Se retrouver soudain au bord de la mer, dans un autre pays, avec des enfants qu’ils n’ont jamais vus, est un chamboulement important, surtout pour les plus jeunes. Les plus âgés, eux, fanfaronnent un peu, mais sans parvenir à masquer leur fébrilité.
On réparti les chambres, trois par trois, et l’on va s’installer avant de tous se retrouver pour déjeuner. Là encore, le calme règne. « Le calme avant la tempête », précise avec un clin d’oeil Arnaud Gouillon, président de Solidarité Kosovo, qui sait bien, depuis 7 ans qu’il organise ces classes de mer, que dans quelques heures ces enfants timides auront bien eu le temps de se découvrir assez pour être, déjà, les meilleurs amis du monde. Et on est bruyant, à cet âge, quand on est avec ses 40 meilleurs amis…
Le temps d’une rapide sieste et tous les enfants se retrouvent dans la cour de l’hôtel pour gonfler les bouées, matelas, ballons qui les accompagneront dans l’eau. Le Père Serdjan demande à ceux qui n’ont jamais vu la mer de lever la main : rares sont ceux qui ne bougent pas. L’excitation monte de façon visible ; la mer, le but tant espéré de ce voyage, est là, à 30 mètres à peine. On l’entend, on la sent. Parfois un cri de joie s’en échappe et parvient à nos oreilles. Dernière formalité avant d’enfin aller s’y plonger : en rang par deux, les enfants reçoivent chacun une casquette floquée du logo de l’association. Et on y va !
La mer est là, calme parce qu’on est dans l’anse des bouches de Kotor, protégés des vagues du large par deux pans de terre qui bouchent l’horizon à l’Ouest. Peu de vagues pour effrayer les plus jeunes, une eau fraîche mais pas froide et sans courants : l’endroit est réellement idéal pour nous. Certains sautent directement à l’eau en poussant de grands cris ; d’autres y rentrent doucement, un pied après l’autre, les yeux pleins d’un mélange de peur et d’exaltation ; certains enfilent des brassards ou se ceignent d’une bouée, et attendent l’aide d’un adulte pour faire le premier pas.
Qu’importe la méthode : en dix minutes, tout le monde est dans l’eau et s’éclabousse, saute, crie, s’interpelle joyeusement !
Une belle première baignade interrompue moins d’une heure plus tard par un brusque orage apparu brutalement entre deux montagnes. Au premier coup de tonnerre, le vent frappa notre plage et on fit sortir les enfants de l’eau. Le temps qu’ils ramassent leurs affaires et parcourent les quelques dizaines de mètres séparant la plage de l’hôtel, des gouttes d’eau lourdes et chaudes s’écrasaient sur le sol. Chacun se réfugia dans sa chambre.
Une demi-heure plus tard, l’averse cessait et chacun pouvait vaquer à ses activités jusqu’au dîner : baby-foot, ping-pong, balade le long de la plage. Puis chacun, rassasié, pu s’en aller se coucher tôt, pour récupérer du voyage et de ces belles émotions.
Matin du deuxième jour : debout à 7h30 pour profiter de la matinée avant que le soleil se mette à cogner trop fort, vers 10h, décalage à l’Est oblige. Une fois le petit-déjeuner fini, on file en rang d’oignons vers une autre plage, un peu plus ombragée et à la pente plus douce, et qui donne sur « Porto Montenegro », quartier luxueux sorti de terre ces dernières années, devant lequel se retrouvent de nombreux yachts tous plus énormes les uns que les autres. Au-dessus d’eux, régulièrement, un avion décollant de l’aéroport de Tivat s’élève en hurlant et passe au-dessus de la plage pour la plus grande joie des enfants.
Cette baignade-là ne sera interrompue par nul orage, nulle averse, seulement par le soleil devenu trop chaud mais qui nous aura quand même laissé le temps de faire des photos de groupe, des courses jusqu’aux bouées marquant la fin de la zone surveillée ou des sauts depuis la digue.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, chacun se repose comme il le souhaite, dans sa chambre, à une des tables du bar de l’hôtel ou au bord de la piscine. Toujours à l’ombre pour éviter le soleil écrasant. La classe de mer est belle et bien lancée ! Un grand merci à tous nos donateurs qui ont, cette année encore, rendu cette belle aventure possible, et à tous nos soutiens !