« Ils lui ont gâché sa rentrée ! Elle n’entendra pas la première cloche de l’école sonnée le début de l’année scolaire!» gronde le papa de Élena, 6 ans, dont la petite frimousse peine à cacher sa tristesse. De fait, après deux heures d’attente sur le bord de route, le car scolaire ne passera pas la chercher aujourd’hui. Ni demain. Élena et mille autres de ses petits camarades serbes du Kosovo-Métochie sont privés de rentrée scolaire pour une durée indéterminée. En cause, l’immatriculation serbe des cars scolaires jugée illégale par l’administration albanaise locale. Les parents d’élèves dénoncent une manœuvre politique.
Le transport scolaire serbe paralysé
Pendant ce temps à l’entrepôt logistique de Gračanica, il plane un silence de plomb. Les cars scolaires sont tous immobilisés sur la plate-forme. D’aucun n’assurera sa première desserte de l’année. Entre les allées de véhicules, les chauffeurs arborent une mine désolée. Ils savent qu’ils viennent de rater un rendez-vous important. L’un d’entre-eux confie : «C’est un coup dur. Si tous les enfants attendent le premier jour de classe avec impatience, imaginez un peu l’enthousiasme de ces mômes que nous allons chercher au fin fond des enclaves! Pour eux, la rentrée c’est d’abord la fête de retrouver les copains et de briser la solitude.» Une solitude qui pourrait bien se prolonger à en croire la fermeté des autorités albanaises locales pour qui la compagnie de transport scolaire a commis une infraction. Au cœur du problème se trouve l’immatriculation serbe des cars scolaires considérée comme illégale.
Les plaques d’immatriculation serbes “une épine dans l’œil” de Priština
Pour les autorités albanaises, il ne s’agit que d’une juste punition. Selon les sources officielles « la police a sanctionné, conformément à la loi, la compagnie de transport qui utilise toujours les vieilles plaques serbes. Les cars scolaires serbes pourront à nouveau circuler qu’à une seule condition : enlever les plaques d’immatriculation serbes et revetir celles estampillées des insignes de la République du Kosovo.»
L’ultimatum albanais fait tonner le personnel serbe. «Partout en Europe, nos cars peuvent circuler. Partout nos plaques et nos papiers sont en règle. Partout sauf au Kosovo ! Ici il nous est interdit de transporter des enfants d’une enclave à leur école. C’est ubuesque ! » s’insurge Slavica.
En assignant à domicile les écoliers, c’est un nouveau tour de vis qui est infligé contre les Serbes du Kosovo qui regrettent l’instrumentalisation et le chantage politiques dont la rentrée scolaire a fait l’objet. «Jusqu’où iront-ils pour nous saper le moral maintenant qu’ils ont piétiné la rentrée scolaire de nos enfants ?» se demandait ce matin à Gračanica une jeune mère de famille.