Qui a dit que le folklore était ringard ? Certainement pas les Serbes du Kosovo qui chérissent la pratiquent des danses traditionnelles au sein des KUD- Kulturno Umetničko Društvo [Association Culturelle et Artistique] à qui, comme par le passé, Solidarité Kosovo a accordé un nouveau don de 15.000€ pour le développement des activités de folklore dans les enclaves du Kosovo-Métochie.
Zoom sur le groupe folklorique de Kosovo Polje qui fait partie de la nouvelle tranche de bénéficiaires.
Danser ensemble renforce la cohésion des jeunes Serbes
La ronde de danse est en « chabadaba »composée en alternance de garçons au port de tête altier et de filles aux longues tresses nouées en chignon. Sans jamais se départir d’un large sourire, ils exécutent, main dans la main, une chorégraphie parfaitement synchronisée laissant s’envoler quelques Opa !d’allégresse.La musique traditionnelle qui les accompagne et les costumes locaux dont ils sont fièrement parés ajoutent au spectacle une dimension historique puissante.Après une heure et demie de répétition intensive, la troupe s’accorde une pause.
Mila, 14 ans, en profite pour lier conversation : « Faire vivre les traditions, porter le costume et l’esprit de groupe. Voilà les raisons qui m’ont poussé à m’inscrire au folklore. »Son professeur de danse et directeur de l’association Dragan ajoute avec émotions :« Notre troupe folklorique, c’est bien plus qu’un club de danse. Trente jeunes se retrouvent ici trois fois par semaine. La plus jeune à 11 ans, le plus âgé 22 ans. Pour nos jeunes, le folklore c’est un vrai moyen de s’évader du quotidien et de briser leur isolement. Ça leur permet de passer du bon temps ensemble ».
Le folklore multiple
Rires, ambiance chaleureuse, la convivialité est effectivement palpable !Ce qui rend le folklore très populaire c’est le fait de lier amusement et culture.Les danses folkloriques sont issues d’une culture populaire qui rassemble un ensemble de savoirs venant du passé. Sous la période ottomane, les danses étaient calmes, sans bruit, en silence puis à la libération elles sont devenues gaies et vives. En fonction des périodes dont elles se réfèrent, les danses folkloriques peuvent exprimer la joie, la dignité, la retenue, la fierté, la nostalgie mais aussi l’accablement. Les danses folkloriques ont interprété l’histoire serbe tout comme la géographie du pays. A chaque région de Serbie, sa chorégraphie !Les racines profondes et diverses des danses traditionnelles serbes vivent et fédèrent grâce au folklore.
Au rythme des concours
La vie du club folklorique de Kosovo Polje est rythmée par les concours organisés tout au long de l’année.Ils sont l’occasion pour le club de se mettre à l’épreuve et d’améliorer ses performances. Au-delà de la compétition sportive qu’ils supposent, les concours permettent l’évasion, la rencontre et le rayonnement de son savoir-faire. A l’aube de ses 16 ans Mateja dit adorer les concours : « J’aime prendre le car avec mes copains et mes professeurs, sortir de mon enclave pour découvrir une ville. Ce qui me plait aussi, c’est l’esprit de compétition qu’on ressent sur place : quand chaque troupe folklorique monte sur les planches et donne le meilleur d’elle-même. On travaille toute l’année pour montrer que nous aussi au Kosovo nous avons du talent, de la technique et de l’ambition !»
Afin de permettre aux trente jeunes étoiles traditionnels de briller de tous leurs feux en compétition nationale, Solidarité Kosovo a accordé un don de 15000€ au développement des activités qui en sont liées.
Le kolo fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco
C’est une décision historique pour la Serbie ! Le Kolo estinscrit depuis le 7 décembre 2017 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.Dans son communiqué, l’institution présente sa décision : « Le kolo est une danse populaire collective traditionnelle, exécutée par des danseurs évoluant autour d’un cercle, main dans la main. » Cette distinction apporte un soutien aux acteurs publics et associatifs serbe qui œuvrent à préserver et transmettre cette danse traditionnelle aux nouvelles générations.
Alors on danse… le Kolo ?
Lors de son inscription sur la liste du patrimoine immatériel mondial, l’Unesco a présenté le Kolo comme étant « exécuté au rythme de la musique à l’occasion de rassemblements privés et publics, auxquels participent l’ensemble des membres de la communauté locale.[…] »La popularité du Kolo est telle qu’il ne se passe pas de mariage, baptême, naissance, anniversaire ou autre fête sans que les notes du Kolo ne retentissent. Il faut voir la farandole se défaire en spirale au rythme de l’accordéon. Personne ne résiste à l’appel du Kolo, le joyeux ballet entraine tous les publics sur son passage, des 0 à 99 ans ! De plus, si des notes de pipeau ont le bonheur de se joindre à la célébration alors celle-ci peut durer jusqu’aux aurores !
Kosovo Polje, haut-lieu de l’Histoire médiévale et contemporaine
C’est un lieu chargé de symbole qui a vu se dérouler la plus importante bataille de l’histoire de la Serbie ainsi que de l’Europe médiévale. C’est à Kosovo Polje que se trouve le fameux « champ des Merles » où en 1389 eut lieu l’affrontement entre l’armée belligérante de l’Empire ottoman et l’armée serbe conduite par le prince Lazar. Ce fut une défaite pour les Serbes. Le prince Lazar y perdit la vie ainsi que la quasi-totalité de la noblesse serbe. A Paris, les cloches de Notre-Dame ont sonné le glas à la demande du roi Charles VI. S’en suivirent cinq siècles pour les Serbes à supporter la férule turque. En raison de cette charge historique, ce lieu est devenu mystique dans l’imaginaire collectif serbe.
Témoin des vicissitudes de l’histoire, le village de Kosovo Polje a été décimé par une pluie d’attaques, de pillages et d’incendies lors des pogroms antichrétiens de mars 2004. Quelques années plus tard, alors que des Albanais se sont appropriés les terres des réfugiés, une poignée de famille s’est résous à réinvestir les lieux et à reprendre possession des terres de leurs ancêtres. Grâce à cette dizaine de familles, les Serbes étaient de retour à Kosovo Polje après une absence inédite d’une décennie.