Novak Djokovic est devenu à 37 ans médaille d’or, champion olympique, à Roland-Garros sur la terre battue de Paris 2024. Cette apothéose couronne une carrière exceptionnelle dont il pourrait s’enorgueillir. Mais après avoir salué l’arbitre et son adversaire, et avant même d’aller embrasser sa famille, le champion s’est mis à genoux pour faire un signe de croix et rendre grâce les mains levées au ciel. Si son nom est aujourd’hui acclamé, il fait aussi grincer des dents en France et ailleurs en Occident, pour ses prises de position sur les Kosovo. Lumière sur le G.O.A.T. (Greatest Of All Times) aux convictions assumées.
La foi chevillée au corps
Sa foi chrétienne, « Nolé » (son diminutif en serbe) l’a toujours fièrement affirmée en faisant avec trois doigts de la main un signe qui évoque la Sainte Trinité – le Père, le Fils et l’Esprit- lorsqu’il gagne, ou en montrant la croix qu’il porte autour du cou, comme il l’a fait au début des Jeux olympiques de Paris. Beaucoup y ont d’ailleurs vu une réponse aux « blasphèmes » de la cérémonie d’ouverture. Dans ses interviews, le 24 fois champion du Grand Chelem a révélé qu’à certains moments de son parcours, lorsqu’il avait complètement perdu ses forces physiques et mentales, il s’en était remis à Dieu pour se relever. Une « influence divine » sans laquelle il n’aurait pu se hisser jusqu’à l’Olympe.
Pour l’athlète, le sport passe après Dieu. « C’est le titre le plus important de ma vie, car avant d’être sportif, je suis chrétien », avait-il même assuré en avril 2011 alors qu’il recevait des mains d’Irénée, le feu patriarche de l’Église orthodoxe serbe, l’ordre de Saint-Sava au premier degré, soit la plus haute distinction de l’Église orthodoxe serbe. (ndrl. La même distinction a été remise à Arnaud Gouillon, Président de Solidarité Kosovo sept ans plus tard)
« Le Kosovo, c’est le cœur de la Serbie »
Pour Djokovic, Dieu est avec lui dans ses combats qui ne sont pas que sportifs comme lorsqu’il plaide la cause serbe au Kosovo. « Je ressens la responsabilité en tant que personnalité publique et en tant que fils d’un homme né au Kosovo d’apporter mon soutien aux Serbes du Kosovo», a-t-il déclaré à Roland-Garros, le jour où trois serbes ont été tués dans l’enceinte du monastère à Zvecan, ville du nord du Kosovo dont son père est originaire. Ce jour-là, le numéro un mondial avait écrit sur une caméra « Le Kosovo, c’est le cœur de la Serbie. Stop à la violence ». Une prise de position qui lui attira les foudres de la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castera. « Il ne faut pas que cela recommence », l’avait-elle mis en garde le soir même dans le journal télévisé de France 2. Un grondement qui ne l’a pas bien apeuré. Loin s’en faut, Novak n’a pas l’habitude de courber l’échine. Il déclare vouloir poursuivre son engagement pour la préservation des églises et des monastères au Kosovo. Là-bas même où il trouve refuge entre deux tournois, le temps d’une retraite. Comme à Gracanica où en 2011, il avait fait don de 100.000 euros au monastère pour lui permettre d’acheter les terres qui encerclent le diocèse et s’assurer une tranquillité relative. Dans un récent entretien accordé au quotidien italien Corriere Della Serra, il a fait savoir que son vœu serait à présent d’aller au Kosovo pour y baptiser ses enfants.
L’humanitaire en partage avec Solidarité Kosovo
« Djoko » n’a pas fini de nous faire rêver. Le sportif de tous les records et aussi un homme au grand cœur. L’histoire de sa famille qui a fuit le Kosovo et la guerre qu’il a privée d’enfance ont eu des répercussions sur sa carrière, son envie de créer sa fondation, lui qui a dû faire la queue pour obtenir de l’aide humanitaire : « Quand j’étais enfant en Serbie, chaque matin à cinq heures, nous devions faire la queue pour obtenir du pain et du lait. Je sais ce que ça fait. Je suis reconnaissant pour tout ce que j’ai et tout ce dont j’ai été béni, et tout ce que Dieu m’a donné. C’est pourquoi je suis conscient qu’il y a des gens dans le monde qui ont moins de chance que moi et, par le biais de ma Fondation, j’essaie de les aider autant que je le peux. » C’est dans cet esprit qu’il s’investit depuis 2007 dans la « Novak Djokovic Foundation » qui vient en aide à ses compatriotes serbes et plus particulièrement pour favoriser l’éducation des enfants défavorisés.
Avec l’humanitaire et la cause serbe du Kosovo en partage, il n’en fallait pas plus pour croiser le chemin de Solidarité Kosovo. De leur rencontre sur le terrain philanthrope, des liens d’amitié se sont tissés entre Arnaud Gouillon, Novak et plus largement sa famille qui lui ont fait l’honneur de l’invité à leur « Slava », la fête du Saint Patron de la famille. L’épouse du champion de tennis, Jelena, a elle aussi rendu hommage à l’œuvre de Solidarité Kosovo en lui consacrant un reportage dans le magazine « Original » dont elle est la directrice.