Le silence se fait dans la pièce ; la concentration est visible : les regards brillent, les souffles sont profonds. Les poings serrés, les deux jeunes hommes s’observent en sautillant. Le premier coup part, les encouragements résonnent immédiatement à sa suite. L’ambiance est surchauffée.
Puis l’arbitre crie un ordre ; les deux combattants se saluent règlementairement, puis se serrent dans les bras en se tapant dans le dos presque aussi fort qu’ils se frappaient l’instant d’avant.
Les sourires sont sur tous les visages : c’est un grand moment pour le club de kickboxing de Gracanica, au Kosovo. En effet, c’est la première fois que deux de ses membres peuvent réaliser un vrai combat, grâce au matériel de protection que Solidarité Kosovo vient d’offrir au club.
Cette scène s’est répétée – avec quelques nuances – à quatre reprises pendant le mois de janvier, dans quatre club de la région : un club de kickboxing, un de karaté, un de football, un de volley. À eux quatre, ils accueillent 160 sportifs de 6 à 18 ans, habitant dans la région de Gracanica.
(Certains viennent du village de Staro Gracko, où les Serbes sont ultra-minoritaires et vivent sans doute à côté des assassins de leurs pères : 14 paysans y ont été massacrés en 1999 alors qu’ils travaillaient dans leurs champs.)
Maitrise de soi, respect de l’autre
Pour tous ces jeunes, l’entrainement hebdomadaire est une parenthèse indispensable. Quelques heures loin des discriminations quotidiennes, quelques heures sans risquer l’insulte voire l’agression, quelques heures de camaraderie, de rires et de sport, voilà ce que les jeunes serbes du Kosovo trouvent dans ces clubs sportifs qui survivent ici ou là malgré le manque de matériel et le manque de locaux.
Est-il besoin également de rappeler les vertus que le sport apprend aux jeunes ? Goût de l’effort et du dépassement, respect de l’adversaire et des règles, maitrise de soi, travail d’équipe… Toutes choses dont les jeunes serbes ont encore plus besoin au Kosovo qu’ailleurs.
C’est d’ailleurs pour cela que d’autres jeunes décident régulièrement de créer des clubs, pour transmettre ce qu’ils ont appris à d’autres. Ces jeunes présidents de clubs sportifs, ces jeunes professeurs de sports sont admirables de courage, d’abnégation, de générosité. Tous font leur travail dans des conditions parfois très difficiles, mus par leur seule volonté d’offrir à leurs compatriotes les plus jeunes ce qu’ils ont eux-mêmes reçus, ou parfois ce qu’ils auraient aimé recevoir sans le pouvoir.
Au nom de ces jeunes sportifs et de leurs professeurs, nous remercions tous les donateurs qui nous ont permis de venir en aide à ces quatre clubs sportifs et à leurs 160 adhérents : grâce à vous, ils peuvent maintenant pratiquer leur sport dans de bonnes conditions. Merci !