Les clubs de sport au Kosovo-Métochie n’existent souvent que par la volonté d’un entraineur. Dejan Dimitrijevic est l’un de ceux-là : c’est lui qui fait vivre le club de Priluzje, avec une énergie et une ténacité admirables.
[Cet article est une annexe de notre article « Du matériel de sport pour 240 enfants des enclaves », à lire en cliquant ici.]
Dejan est né à Pristina en 1972. À dix ans, il commence à jouer au football à Kosovo Polje. À 15 ans, il est repéré et part jouer à Belgrade. Nostalgique de sa terre natale, il décide de revenir jouer au Kosovo, dans le club d’Obilic, qui joue dans la ligue 1 serbe. Pendant la guerre, en 1999, tous les Serbes de son villages sont expulsés par la force. Dejan trouve refuge avec sa famille à Kraguljevac, en Serbie centrale.
En 2003, il décide de revenir à nouveau vivre au Kosovo. Il ne peut revenir dans son village et trouve un poste de professeur de sport à l’école primaire Vuk Karadzic de Priluzje. Il essaie de fonder une école de football mais les enfants ne sont pas assez nombreux ; il décide de faire ce qu’il peut, avec ce qu’il a sous la main. « Les enfants étaient heureux de faire toutes sortes d’activités. Dans ces moments difficiles, les enfants étaient toujours inquiets… Pendant nos séances, tous ne cessaient de sourire. Ça m’a convaincu que je devais continuer », se souvient-il.
Aujourd’hui, le club « AK Priluzje » est le seul club d’athlétisme au Sud de l’Ibar. Il obtient des résultats impressionnants pour un si petit club. Plusieurs de ses jeunes participent à des compétitions dans toute la Serbie et en rapportent des médailles. Le club est même cette année vice-champion de Serbie en cross par équipe.
Tout ça grâce au travail acharné de Dejan… et de ses élèves, qui y trouvent à la fois un moyen de s’évader de leur quotidien… et peut-être de se construire un avenir.
L’été dernier, Dejan et quelques-uns de ses élèves étaient en classe de mer au Monténégro. Un volontaire français sur place se souvient : « Dejan et ses élèves m’ont impressionné : en chaque chose, ils trouvaient un moyen de s’entrainer, de se fortifier, de s’améliorer. Dejan poussait ses élèves presque tout le temps… et quand il faisait une pause, c’est les enfants qui venaient lui en redemander ! Et toujours avec une joie évidente, et totalement contagieuse. »
Dejan est salarié de l’école primaire de Priluzje. Son travail pour le club, lui, est entièrement bénévole…