Nous n’avons pas chômé durant les deux derniers jours du convoi ! Nous avons poursuivi les distributions aux familles démunies et dans les écoles et resserré un peu plus les liens qui unissent les Français et les Serbes.
Nous nous sommes rendus à l’extrême sud de la Serbie centrale, jusque sur les hauts-plateaux, parfois à quelques centaines de mètres à peine du Kosovo pour continuer les distributions de poêles à bois, de nourriture, de fournitures scolaires et de produits de première nécessité.
Dans la région de Tutin, les températures peuvent descendre largement en dessous de -20°. Sur les hauts-plateaux battus par un vent glacial, la neige paralyse en un instant la vie déjà rude des habitants. Dans ces conditions difficiles, posséder un poêle à bois efficace n’est pas un luxe, c’est un besoin vital ! Comme nous l’ont expliqué nos amis serbes, le poêle est la dernière chose que l’on enlève d’une maison.
Le poêle est également très important car toutes les écoles que nous avons visitées en avaient un pour se chauffer. Mais malgré la bonne volonté et tous les efforts des enseignants, il faut admettre que les conditions d’études sont parfois particulièrement difficiles. Nous pensions avoir vu le pire en matière d’école délabrée, mais nous avions tort. À Istocni Mojstir le toit s’écroule et la neige tombe à l’intérieur du bâtiment ! La plupart des parents ne veulent plus y emmener leurs enfants et préfèrent braver les chemins de montagne pour les conduire dans la vallée. L’aide que Solidarité Kosovo a apportée était la bienvenue dans ce contexte rude.
Sur les rives de l’Ibar, nous avons une pensée pour les Serbes du Kosovo que nous n’avons pas pu visiter
La dernière journée de distribution a été marquée par la présence d’Arnaud Gouillon qui est venu nous prêter main forte. Il a ainsi pu renouer avec le travail de terrain qui lui a été enlevé en même temps que l’entrée au Kosovo lui a été interdite il y a maintenant trois ans. Il n’était pas le dernier pour décharger un lourd poêle à bois chez une grand-mère isolée, ni pour pousser un camion qui s’est embourbé et encore moins pour distribuer des cadeaux aux enfants d’une école.
Difficile de dire ce qui a fait le plus plaisir à ces enfants et à leurs parents, les cadeaux que Solidarité Kosovo leur a offerts ou la venue d’Arnaud Gouillon, très populaire en Serbie.
Nous l’avons accompagné sur les rives de l’Ibar qui marquaient à cet endroit la limite avec le Kosovo, cette région chère à notre cœur dont nous n’avons pu admirer les montagnes que de loin.
Et puis nous sommes rentrés dans nos foyers, les yeux plein de ce que nous avons vu ces quelques jours, le cœur un peu lourd et avec l’espoir de pouvoir en faire un jour un peu plus pour ces populations délaissées de l’éparchie de Ras-Prizren. L’amertume de ne pas avoir pu nous rendre au Kosovo a été bien vite effacée quand nous nous sommes rendu compte que les besoins au nord l’Ibar étaient aussi grands qu’au Kosovo.