Le Département d’État américain a sorti son rapport annuel sur les atteintes aux droits de l’Homme. Concernant le Kosovo, il dénonce notamment le non-respect de nombreuses décisions de justice favorables aux Serbes et la difficulté pour les Serbes réfugiés de revenir vivre sur leurs terres.
Les menaces pesant sur le monastère de Visoki Decani sont longuement évoquée dans ce rapport :
« Les autorités centrales et locales de Decan / Decani ont continué de refuser de mettre en œuvre la décision de 2016 de la Cour constitutionnelle confirmant la propriété de l’Église orthodoxe serbe de plus de 24 hectares de terres adjacentes au monastère de Visoki Decani. Aucun des fonctionnaires qui n’ont pas exécuté l’ordonnance du tribunal n’a été sanctionné. »
Le rapport 2020 du Département d’État américain sur les atteintes aux droits de l’Homme au Kosovo.
Le monastère de Decani n’est qu’une des nombreuses victimes de cette immense difficulté à faire reconnaitre son droit de propriété pour les minorités du Kosovo. Sur les très nombreux cas relevés par le rapport, « 96% concernent des Serbes » qui ont vu leurs biens spoliés à la fin de la guerre et peinent à les récupérer.
« Un mélange complexe de lois, de règlements, d’instructions administratives et de pratiques judiciaires, ainsi que la réoccupation illégale de propriétés et de multiples réclamations pour le même bien, ont continué d’entraver le règlement des affaires de restitution de propriété résultant de la guerre et de ses conséquences. »
Le rapport 2020 du Département d’État américain sur les atteintes aux droits de l’Homme au Kosovo.
Le rapport rappelle également que » le Kosovo ne dispose pas d’un système efficace permettant aux Serbes du Kosovo déplacés vivant à l’extérieur du pays de déposer des réclamations et de recevoir une notification des décisions relatives aux revendications de propriété ».
Liberté de circulation et papiers d’identité
Le Département d’État souligne que le gouvernement ne considère pas les documents personnels émis par la Serbie portant le nom des villes du Kosovo comme des documents de voyage valides.
« Cela a rendu difficile pour de nombreux membres de la communauté serbe du Kosovo de voyager librement à destination et en provenance du pays, à moins d’utiliser les deux points de passage frontaliers avec la Serbie situés dans les municipalités à majorité serbe du Kosovo dans le nord. »
Le rapport 2020 du Département d’État américain sur les atteintes aux droits de l’Homme au Kosovo.
Obstacles récurrents au retour des réfugiés
Le rapport indique que les réfugiés membres des minorités qui souhaiteraient revenir vivre au Kosovo rencontrent de nombreux obstacles : attaques morales et physiques, protection insuffisante du droit de propriété, incapacité des tribunaux à résoudre les conflits de propriété, le manque d’accès aux services publics, ainsi que des perspectives économiques limitées et des discriminations sociétales.
En juin 2020, 408 personnes, principalement des Serbes, vivaient dans des logements collectifs, faute de pouvoir retourner vivre sur leurs propriétés, pour l’une ou l’autre des raisons exposées ci-dessus.
Attaques contre les biens et les personnes
Les minorités continuent de subir des attaques régulières – nous en relayons régulièrement sur notre page Facebook : vols, cambriolages, agression verbales et physiques. Sont particulièrement touchés les rapatriés dans les zones rurales.
« L’ONG AKTIV a signalé plus de 20 incidents entre mars et juin visant les Serbes du Kosovo, y compris des incendies criminels, des attaques physiques et des vols. Entre janvier et octobre, le ministère des Communautés et du Retour a reçu des plaintes concernant 49 incidents de sécurité affectant des Serbes du Kosovo et des rapatriés. En juillet, ont été relevés 45 incidents affectant principalement les rapatriés et leurs biens, principalement dans la région de Pec.
Le rapport 2020 du Département d’État américain sur les atteintes aux droits de l’Homme au Kosovo.
Notre engagement est encore renforcé par ce rapport
Ce rapport, une fois encore, confirme ce que nous dénonçons sans relâche depuis 15 ans. Il nous conforte dans notre engagement aux côtés de ces minorités persécutées, à qui nous continuerons d’apporter notre aide tant qu’elles en auront besoin.