Coup de projecteur sur Myriam Bergerot, professeur aussi passionné qu’inspirant, dont l’initiative de l’action des cartes de vœux aux enfants du Kosovo-Métochie a apporté une lumière d’espoir supplémentaire au convoi d’hiver.
Solidarité Kosovo: Quel est votre nom, fonction et parcours?
Myriam Bergerot: Je m’appelle Myriam Bergerot, j’ai 36 ans, je suis mariée et j’ai 5 enfants. Je suis enseignante en Histoire et en Géographie, au collège. J’ai fait des études de lettres modernes et de sciences politiques, puis je me suis spécialisée en faisant un master d’Histoire médiévale à la Sorbonne.
S.K.: Où se trouve l’école dans laquelle vous enseignez et quel est son effectif ?
M. B.: Je travaille depuis bientôt 5 ans au Cours Bienheureux Charles d’Autriche (BCA), à Angers. C’est un collège hors-contrat catholique, qui fait partie du réseau des écoles libres. Il accueille 83 élèves, avec 4 classes par niveau, de la 6e à la 3e. Nous sommes situés à la périphérie d’Angers, à mi-chemin entre la ville et la campagne ; notre cours de récréation est très agréable et jouxte un immense verger, mais nous cherchons activement des locaux pour nous agrandir. En effet, le système scolaire français est aujourd’hui en pleine déliquescence et nous ne pouvons malheureusement pas, en l’état actuel des choses, accueillir toutes les familles qui frappent à notre porte afin que leurs enfants puissent recevoir une bonne instruction, tout en grandissant sainement.
S.K.: Comment avez-vous connu Solidarité Kosovo ?
M. B.: J’ai découvert le drame du Kosovo il y a plusieurs années, en lisant le livre du colonel Hogard, L’Europe est morte à Pristina ; j’ignorais tout de ce qu’il se passait là-bas (j’avais 10 ans en 1999) et j’ai eu un vrai choc de réaliser que les dirigeants européens avaient pu cautionner tout cela. Je crois bien que c’est le silence médiatique assourdissant régnant autour du sort de la population serbe du Kosovo qui m’a le plus révoltée.
J’ai ensuite entendu parler de votre documentaire « Kosovo, une chrétienté en péril » (en libre accès sur youtube, merci !) dans une revue, sans doute le Figaro Histoire ; il est extrêmement bien fait, et c’est par lui que je suis arrivée jusqu’à vous !
S.K.: Qui a été à l’initiative de votre action scolaire en faveur des enfants des enclaves du Kosovo » ?
M. B.: J’enseigne en classe de 4e et en cours de géographie, nous étudions chaque année un chapitre sur l’Europe. Je trouve important de continuer à enseigner la géographie culturelle, c’est pourquoi nous avons travaillé sur la diversité religieuse du continent ; c’est dans ce contexte que j’ai souhaité montrer à mes élèves votre documentaire. Ils ont été très intéressés, mais aussi impressionnés par la profonde injustice subie par les Serbes sur leur propre terre.
S.K.: Quelle action a été mise en œuvre ?
M. B.: Comme nous étions dans la période de l’Avent et dans la préparation spirituelle de Noël, j’ai souhaité que les élèves réalisent quelque chose de concret pour soutenir les Serbes du Kosovo, en particulier les jeunes de leur âge. Je leur ai donc proposé de réaliser des cartes de vœux, afin qu’elles soient distribuées dans une école lors de votre traditionnel convoi de Noël.
S.K.: Quel en est son sens ?
M. B.: En cette période de Noël, j’ai voulu que mes élèves se tournent vers des jeunes moins favorisés qu’eux, qu’ils expérimentent la fraternité concrète qui devrait exister entre tous les Chrétiens. Je pense par ailleurs que le pire qui puisse arriver, pour les peuples persécutés, c’est de tomber dans l’oubli ; en temps que professeur d’Histoire, je sais combien la mémoire est importante, c’est pourquoi j’ai voulu que les collégiens de BCA montrent aux Chrétiens du Kosovo que l’on pensait à eux et que l’on savait ce qu’ils enduraient.
S.K.: Dans un contexte mondial très fragile pour les Chrétiens, pourquoi avoir choisi de s’intéresser aux Serbes du Kosovo ?
M. B.: En effet, beaucoup de Chrétiens sont persécutés dans le monde ; c’est même je crois la religion la plus persécutée… Nous connaissons le sort tragique des Chrétiens d’Orient, celui de ces Chrétiens des Balkans, en plein cœur de l’Europe, l’est beaucoup moins il me semble. Il est pourtant important de le faire connaître, tout d’abord pour réparer une grave injustice (dont l’Europe est en partie responsable), mais aussi parce que les Serbes du Kosovo sont proches de nous géographiquement ; la discrimination qu’ils subissent en raison de leur Foi peut créer un précédent et faire ensuite tache d’huile en Europe. Si nous fermons les yeux sur eux aujourd’hui, serons-nous en mesure demain de protéger les Chrétiens de France, qui sont eux aussi de plus en plus invisibilisés dans leur propre pays et qui deviennent très clairement minoritaires ?
S.K.: Auriez-vous à votre tour en tant qu’institutrice un message à transmettre à vos collègues des enclaves du Kosovo ?
Mes chers collègues font le plus beau métier du monde. C’est un métier vital pour leur pays, puisqu’ils préparent l’avenir en formant la jeunesse. Qu’ils ne se découragent jamais de transmettre ce qui a fait et qui fait encore la grandeur du Kosovo ; tant que la petite flamme de la culture serbe brillera dans le cœur et dans les yeux de leurs élèves, leur pays vivra. Malgré les persécutions.