Intense ! Tel est le mot le plus approprié pour qualifier l’ultime mission de Solidarité Kosovo durant 3 jours en Serbie. Le mardi 15 février Arnaud Gouillon et Nikola Micic arrivent au monastère de Gracanica où les attendent plusieurs moines et Monseigneur Théodose, évêque du diocèse de Raška Prizren. L’accueil est comme d’habitude très chaleureux mais cette fois-ci nous avons franchi un cap stratégique important car sommes reçus par l’évêque en personne et, bien que la situation soit grave, l’heure est à la réjouissance. En effet, en partenariat avec l’évêché, Solidarité Kosovo ouvre son premier bureau d’aide humanitaire directement au Kosovo. Ce travail est le fruit de nombreuses années de travail efficace et de confiance entre notre association et les moines orthodoxes du Kosovo et de la Métochie à qui nous avons prouvé que nous étions sérieux, réguliers et que, malgré des moyens forcément limités, nous pouvions accomplir de très belles réalisations pour les serbes du Kosovo et de la Métochie. L’ouverture de ce bureau permanent répond à une demande expresse de l’évêque afin de l’aider dans une de ses plus lourdes missions d’aide et de soutien aux pauvres et aux déshérités de son diocèse. Nous procédons donc à une conférence de presse où nous expliquons à quoi va servir le don de 18 700 € que nous venons de faire : le salaire d’un permanent à plein temps pour gérer le bureau, l’achat d’un véhicule utilitaire pour distribuer le matériel, l’achat de matériel informatique et la constitution d’une base de données informatisée permettant de suivre les demandes de toutes les familles nécessiteuses afin d’optimiser les dons et veiller à une distribution la plus équitable possible.
Nous dînons ensuite avec l’évêque et notre nouvel ami le Diacre Bojan qui sera le permanent du bureau. Le lendemain nous faisons un point exhaustif sur le fonctionnement du bureau avec Bojan et veillons à ce que tout soit opérationnel et fonctionnel. En attendant nous recevons les premières demandes le matin même avec l’arrivée de plusieurs personnes qui expriment à Bojan leurs besoins : des pâtes, de l’huile, quelques vêtements… Bojan note tout et promet de revenir vers chaque personne avec une réponse rapide.
Tout de suite après notre réunion matinale nous courons avec l’évêque à l’église de Sainte Petka à Laplje Selo pour la commémoration bien funèbre de l’anniversaire des 10 ans de l’attentat terroriste albanais contre les passagers de l’autobus Nis Express qui amenait des Serbes à Gracanica pour la fête de la Toussaint. Alors que le bus était sous escorte de la KFOR (OTAN)… les terroristes ont réussi à placer une mine sur un pont causant la mort de 12 serbes et en blessant 43 autres. Bien évidemment les criminels n’ont jamais été arrêtés… L’église est pleine et on remarque la présence de nombreux lycéens venus assister à la cérémonie. Après celle-ci, des textes sont lus sur le parvis de l’église dans une ambiance morne mais solennelle avec le vent sifflant dans le froid de l’hiver et les sanglots difficilement camouflés des membres des familles des victimes. Notre sang est glacé et on se rend bien compte à quel point la souffrance de ces familles est terrible : terrible face au terrorisme et terrible face à l’injustice.
Nous ne restons pas pour le pot de l’amitié et rejoignons vite Bojan pour courir au monastère et récupérer les denrées alimentaires promises le matin même aux villageois de Gnjiljane. Nous remplissons plusieurs cartons et empruntons les routes sinueuses des vallées du Kosovo jusqu’à l’enclave de Gnjiljane où une importante minorité de 10 000 serbes survivent. Nous commençons d’abord par visiter une famille du coin dont Bojan avait entendu parler. Ici, un couple vit avec ses 3 enfants et un oncle dans une vielle bicoque délabrée au toit défoncé avec deux pièces de 16m2. Il n’y a pas d’eau courante et il n’y a pas de salle de bains. La mère a dû être opérée trois fois récemment et pourtant elle continue à travailler avec son mari pour essayer de subvenir désespérément aux besoins essentiels du foyer. Nous leur laissons des vivres et des vêtements et prenons note de leur situation. On rêve qu’un jour, bientôt, Solidarité Kosovo puisse arriver dans ces enclaves, avec les moyens pour apporter à toutes ces familles au moins l’eau courante et des conditions de vie dignes. Quand on voit tout ce qu’on a réussi jusqu’à présent grâce à nos généreux donateurs, on se dit que rien n’est impossible. Nous partons ensuite déposer les vivres à la vielle dame rencontrée le matin puis rentrons directement le soir à Kosovska Mitrovica pour une réunion avec nos contacts locaux en vue de la préparation de la mission de cet été. Le lendemain nous regagnons la France et appelons immédiatement le diacre Bojan: « Comment ça va Bojan? » « Tout marche très bien les amis, merci encore à Solidarité Kosovo !». Il n’en fallait pas plus pour galvaniser notre ardeur et se mettre en route pour l’organisation de la prochaine mission. Merci encore à tous les généreux donateurs. Le combat continue.
Nikola Micic