Plusieurs évènements d’une extrême importance se sont passés ces dernières semaines dans le sud de la Serbie. Passés inaperçus dans la presse européenne, ils sont les témoins capitaux d’une nouvelle crise qui s’annonce.
Les musulmans de Novi Pazar (Sandjak, sud de la Serbie) ont affronté la police serbe le 7 septembre dernier. Un litige cadastral pour la construction d’une école a servi de prétexte à la revendication d’un Sandjak musulman indépendant. Après les affrontements qui ont faits plusieurs blessés du côté de la police serbe, des musulmans de Bosnie (le pays voisin) ont renchéri en demandant « l’envoi sur place d’observateurs européens ». Par cette ingérence dans les affaires internes à la Serbie, ils mettent clairement en cause la réaction parfaitement légitime et proportionnée du pouvoir de Belgrade dans cette affaire. Imagine-t-on quelque pays africain ou musulman réclamant des observateurs internationaux après chaque émeute en France ?
Ces musulmans de Bosnie envoient également un signal fort à Belgrade en lui rappelant qu’ils n’hésiteront pas à faire appel à l’UE pour promouvoir la création d’une zone musulmane autonome supplémentaire au sein de la Serbie. La méthode est toujours la même : évoquer le non respect « des droits de l’Homme », agiter le spectre du génocide et émouvoir par le mensonge et la désinformation. Utilisant une Union Européenne incapable de voir où sont ses intérêts propres, cette stratégie semble malheureusement toujours fonctionner.
Cette rébellion du Sandjak couplée à l’ingérence bosniaque intervient au moment où la Serbie souhaitait proposer une nouvelle résolution sur le Kosovo au conseil de sécurité de l’ONU. Cela a fait dire à certains observateurs politiques serbes que le but premier de tout cela était de faire pression sur Belgrade afin que la Serbie adoucisse sa position sur le Kosovo. Et c’est justement ce qu’elle a fait en proposant une résolution prise de concert avec l’UE…
C’est dans ce même sandjak musulman que dimanche dernier suite à la victoire de la Turquie sur la Serbie lors d’un match de Basket-ball, des manifestations spontanées ont eu lieu au cri de « Ici c’est la Turquie, pas la Serbie » avec les drapeaux à croissants qui vont avec.
Au même moment au Kosovo plusieurs centaines d’Albanais franchissaient le pont de Kosovska Mitrovica et envahissaient la dernière zone serbe du Kosovo qui résiste encore. Les premiers Serbes à venir défendre le pont n’étaient qu’une dizaine et ont été grièvement blessés. Ce sont eux qui ont pu donner l’alerte, ce qui a très vite permis à plusieurs centaines de Serbes de faire face et de repousser l’attaque albanaise. Des coups de feu tirés depuis la zone albanaise ont terminé ce bref mais très violent affrontement. Un Serbe et un militaire français ont été blessés par balle. Cette attaque albanaise n’était pas seulement une ratonade antiserbe. Des miliciens armées y ont pris part et elle s’inscrit de manière violente dans la politique de l’Etat albano-kosovar de faire tomber cette dernière zone de résistance qu’est le nord de Kosovska Mitrovica.
Et que fait l’Occident ? Pas grand-chose. Les soldats de l’OTAN montent une garde symbolique qui n’assure qu’une protection minimale. Elle est incapable de protéger les populations serbes lorsque des situations imprévues apparaissent. Dans une région d’Europe soumise à la terreur, il est également choquant de constater le silence médiatique qui entoure ces évènements et l’absence des grandes organisations caritatives. Hélas, ces associations se mobilisent quand elles peuvent espérer de bonnes retombées publicitaires. Or, il n’y a rien à gagner en venant en aide aux Serbes du Kosovo.
Quand l’Occident refuse de s’impliquer, quand les «humanitaires» détournent le regard, quand les journalistes se taisent, que reste-t-il ? Il reste vous et moi, des Français ordinaires révoltés par l’injustice.
Cette révolte qui nous anime depuis 2004 nous l’avons toujours transformée en actions. Suite à ces récents évènements je me rendrai dans les semaines à venir dans le sud de la Serbie en compagnie d’un bénévole de l’association Solidarité Kosovo afin de mettre en place de nouvelles stratégies de soutien.
Tant que l’injustice dont sont victimes les Serbes du Kosovo persistera nous serons à leurs côtés. Ils ne lâchent pas, nous ne les abandonnerons pas !
Arnaud Gouillon, président de Solidarité Kosovo