Un des piliers de Solidarité Kosovo est la protection du patrimoine chrétien en danger, soit parce qu’ils sont la cible d’actes de vandalisme et de violence soit parce que le passage du temps fait des ravages que les communautés serbes peinent à réparer faute de moyens.
À Gorazdevac, la nature a planté le décor. D’immenses falaises noires et abruptes aux noms évocateurs de Prokletije, signifiant littéralement monts maudits, encerclent la petite bourgade de Métochie.
L’un des derniers îlots serbes
La superstition n’a pourtant jamais effleuré ses habitants pas même dans les moments les plus tragiques de son histoire. Comme en mars 2004, lorsque les pogroms anti-chrétiens ont fait rage au Kosovo. Gorazdevac n’a pas vacillé. Attaqué aux mortiers à plusieurs reprises par des extrémistes musulmans, les villageois ont repoussé les assaillants comptant sur leur seul courage et « l’aide de Dieu », comme ils aiment à le préciser. Figurant parmi les derniers îlots chrétiens de la région, Gorazdevac survit à la guerre et devient le symbole de la continuité et de la résistance serbe au Kosovo.
L’Église Saint-Jérémie fait la fierté du village
Au début des années 2000, le village comptait 1200 habitants. Ils sont à peine 600 aujourd’hui représentant cent cinquante familles. Toutes sont farouchement attachées au patrimoine naturel et matériel de la commune. Ici, il y a une école, un collège, un lycée, un dispensaire et deux églises.
La plus ancienne, dédiée au prophète Saint-Jérémie, fait la fierté du village. Construite au XVIIe siècle, elle est considérée comme la plus ancienne église en bois des Balkans. Un hommage qui lui vaut de figurer sur la liste des monuments culturels d’importance exceptionnelle de la République de Serbie. Construite par les Srbljaci, la plus ancienne tribu de la région, l’église est de dimensions modestes bâtie sur un plan rectangulaire avec une nef unique et une abside à deux pans. Le toit est bas et couvert de lourdes dalles de pierre. Le sol est recouvert de dalles de pierre irrégulières, tandis que le plafond est constitué de planches en bois. Adorée mais impraticable, la vie paroissiale s’organise à quelques pas de là, dans la jolie petite église de la Nativité de la Sainte Vierge.
L’Église de la Nativité de la Sainte Vierge menace de s’effondrer
Du haut de ses cent ans, la paroisse semble jeune en comparaison avec son aînée. Tout autant appréciée, elle abonde de fidèles lors des offices religieux. « C’est une joie de se réunir pour partager et soutenir nos prières. La messe du dimanche est très fréquentée » confie Père Nenad chargé de la célébrer depuis plus d’une décennie. Son regard doux et franc dénote une certaine fébrilité. « C’est une joie mais aussi une source d’inquiétudes. La vétusté de la paroisse exige des travaux de rénovation urgents ». Le temps qui passe et les intempéries ont fragilisé lourdement les fondations devenues instables. Les fissures aux murs sont importantes et la toiture est détériorée. Une étude, alors menée, a établi un besoin impérieux de travaux sans quoi l’édifice deviendrait trop dangereux pour accueillir la messe ou les visiteurs.
Solidarité Kosovo répond à l’urgence
Face au diagnostic sanitaire critique, Père Nenad a tiré la sonnette d’alarme en lançant un appel au don avec la bénédiction de l’évêque du Kosovo, Monseigneur Théodose.
Solidarité Kosovo a été particulièrement sensible à la détresse de toute une enclave qu’elle connait bien pour avoir tissé avec ses habitants, depuis presque vingt ans, des liens humanitaires devenus fraternels. En réponse à cette collecte d’urgence, Solidarité Kosovo a déployé une aide exceptionnelle de 30.000 euros. Le chantier de restauration sera initié dès les premiers jours du printemps, « avec la Grâce de Dieu », ainsi est-il loué sur place. Nous nous ferons une joie de vous en tenir informé.