L’esprit de Noël !

L’hiver approche, le froid est là et nous nous apprêtons à fêter Noël en famille dans nos campagnes et villes françaises. Ce moment privilégié est à mes yeux le plus fort de l’année. Celui où on se retrouve ensemble pour partager nos traditions avec sa famille. Depuis maintenant huit années, ces fêtes de fin d’années revêtent une sensation encore plus particulière à mes yeux. Car ce jour là je pense aussi à ces familles serbes qui passeront Noël dans leurs enclaves du Kosovo. 

Imaginez un instant ce que peut ressentir une famille serbe, vivant recluse dans le petit village d’une minuscule enclave, isolée au milieu de populations albano-kosovares, au mieux indifférentes, au pire hostiles.

Dehors, il neige dru. Il devient difficile pour le père de famille de se rendre en zone serbe pour travailler ou pour se ravitailler. Le plus petit bobo d’un enfant, la moindre consultation d’un adulte, contraint les habitants à une véritable épopée par des chemins défoncés car jamais entretenus par les « autorités ».

À l’intérieur des maisons, il fait froid. Le plus gros des destructions causées par la guerre a été réparé. Mais le vent glacial s’infiltre partout car les maisons sont mal isolées et les systèmes de chauffage défaillants.

Et pourtant, ces conditions matérielles difficiles ne sont pas ce qui pèse le plus. Ces chrétiens souffrent avant tout d’un sentiment d’abandon. Ils ont l’impression que le monde entier les a oubliés.

Ce n’est pas qu’une impression. Quand les Serbes des enclaves sont victimes d’une agression personne ne réagit, personne ne condamne, tous détournent le regard. Et pourtant, ces familles serbes tiennent bon. Elles ne veulent pas abandonner leurs maisons, leurs églises, leurs cimetières, leurs monastères. En défendant bec et ongles leur terre, ces populations serbes défendent un bout de notre civilisation européenne et chrétienne commune.

Raison de plus pour leur apporter ce dont ils manquent le plus, le témoignage que l’amitié entre la France et la Serbie n’a pas flanché. Que nous n’avons pas oublié les sacrifices des Serbes alliés de la France et que ces Serbes dans le malheur sont proches de notre cœur.

Dans moins de sept jours, une équipe de dix bénévoles de notre association va se rendre au Kosovo. Ils seront vos ambassadeurs, les porte-parole des messages de soutien que vous êtes si nombreux à nous avoir adressés.

Pour reprendre le mot d’un de nos amis serbes, ces volontaires seront des « réchauffe-cœurs » pour des familles, des femmes et des enfants dont le sort est si difficile.
Cette année, nous mesurons le renforcement de l’aide que la générosité de nos donateurs a rendu possible.

Les convois de multiples véhicules des années passées ont été remplacés par un imposant poids lourd qui transporte les cinquante mètres cubes de jouets, de vêtements chauds et de matériel scolaire et sportif que nous avons recueilli durant les mois précédents.

Les volontaires quant à eux voyagent dans un minibus pour réduire les frais autant que possible. L’avantage de venir dans un véhicule loué en France est que les policiers du Kosovo nous laisseront passer plus facilement qu’avec des plaques d’immatriculation serbes.

Sur place, le bureau humanitaire de notre association dirigé par notre ami le diacre Bojan, avec l’aide de l’Église serbe du Kosovo, a établi un itinéraire de distribution afin que nous puissions visiter toutes les enclaves, y compris les plus isolées ou les plus éloignées.

Comme les années passées, nous allons certainement devoir déblayer notre route dans les passages les plus difficiles. Nous avons été prévoyants et nous disposons d’assez de pelles et de chaînes pour surmonter les congères les plus récalcitrantes.

Au bout de la route, notre récompense, la joie des enfants, la joie des parents qui voient leurs petits retrouver le sourire, le bonheur des grands-parents à qui nous apportons un rare instant de réconfort.

Oui, c’est tout cela que vos dons rendent possible.

Je voudrais insister sur les enfants.

Vous le savez, grâce à votre générosité, nous avons offert à une quarantaine d’enfants parmi les plus défavorisés du Kosovo, leurs premières vacances, loin des troubles, au bord de l’Adriatique.

Vous avez pu voir sur notre site Internet ces visages éclairés par le bonheur et par le soleil (cliquez ici pour revoir ces photos)

Aujourd’hui, en lisant ce texte, j’aimerais que vous imaginiez ce qui va se passer dans quelques jours dans les petits villages oubliés de tous, mais pas de Solidarité Kosovo.

Non seulement nous allons apporter des jouets (dans beaucoup de cas ce sera le seul cadeau de Noël de ces enfants), mais aussi des vêtements chauds, indispensables pour surmonter les rigueurs de l’hiver balkanique.

Ces vêtements neufs, d’excellente qualité, nous ont été remis par des entreprises car ils ne peuvent être vendus en raison d’un petit défaut, le plus souvent invisible à l’œil nu.

Habillés de pied en cap, leurs jouets à la main, les petits retrouvent leurs parents à qui ils montrent très fiers les cadeaux venus de France.

Les garçons et filles plus âgés, les mêmes qui recevaient leurs premiers cadeaux voici huit ans des mains des premiers bénévoles de Solidarité Kosovo, cette fois ne repartent pas avec des jouets.

Pour les enfants un peu plus grands et les adolescents, nous avons du matériel scolaire et des équipements sportifs. De quoi renforcer les esprits et les corps.

Il est important de bien comprendre que cet effort que nous réalisons au Kosovo est bien le résultat d’un travail d’équipe.

Nous avons les bénévoles qui en France consacrent de longues heures à démarcher les entreprises. Les besoins sont grands et les sociétés peu informées de ce qui se passe ici. En téléphonant, en rencontrant les industriels et les grossistes, nous avons pu toucher le cœur de nombreux professionnels.

Grâce à ces volontaires, à la fois très dévoués et très compétents, nous avons recueilli des tonnes d’aliments et des mètres cubes de fournitures indispensables.

Nous avons également les bénévoles qui se rendent sur place au Kosovo pour faire le suivi de l’aide, contrôler le travail du bureau humanitaire, visiter les enclaves, dresser les inventaires des besoins, coordonner le travail des différentes équipes et assurer la liaison avec les autorités civiles et religieuses serbes.

Et, surtout, nous avons les six mille donateurs qui rendent possible cette belle aventure collective.

Sans vous, sans votre générosité, rien de tout cela ne serait possible.

Avec vous, nous allons redoubler d’efforts et transformer la vie de familles qui ont besoin de votre aide pour tenir le coup et s’en sortir.

Une autre chose que je souhaite vous expliquer. Il n’est aucunement question d’assistanat ou d’aide à fonds perdus.Les Serbes du Kosovo sont un peuple fier. Il leur est très pénible de ne pas pouvoir compter sur leurs propres forces.Les hommes et les femmes, les personnes âgées, n’acceptent notre aide que contraints et forcés par les circonstances liées aux troubles.

Nous n’avons jamais rencontré de Serbes du Kosovo se complaisant dans une attitude d’assistés. Bien au contraire. Ils sont un exemple d’esprit de résistance face à l’adversité. Pas de fascination pour la société de consommation. Ici, les habitants serbes du Kosovo restent fidèles aux traditions de leurs ancêtres.

Ici, il n’est pas question de gamins gâtés et capricieux pour qui Noël ne serait qu’un jour banal durant lequel on ne compterait que plus de présents qu’à l’accoutumée.

Non, au Kosovo, Noël a un sens. J’ai eu l’occasion de retrouver dans ces montagnes l’âme du Noël que l’on célébrait autrefois dans nos pays.

Enfants comme parents se lèvent avant l’aube pour participer à la messe de Noël au monastère le plus proche ou à l’église du hameau. C’est toute la famille, toute une communauté qui revit et qui s’anime dans le froid d’une nuit d’hiver que la neige éclaircit au reflet de la lune.

Ce sont ces souvenirs, comme tant d’autres, qui me poussent à persévérer dans ce beau pari que nous avons entrepris voici bientôt neuf ans.

Ce sont ces sourires d’enfant que nous recevons en guise de remerciement qui nous motivent dans notre travail.

Une chose est certaine, avec votre concours, quels que soient les obstacles qui se dressent sur notre route, nous assisterons les foyers chrétiens qui survivent dans des conditions terribles, seuls face à une situation critique qui ne leur offre à court terme aucune issue heureuse.

Notre venue, votre soutien, sont pour ces populations isolées et discriminées les rares signes de réconfort qui peuvent leur rendre confiance en l’avenir.

En leur nom, de tout cœur merci pour l’aide que vous pouvez nous apporter.

Arnaud Gouillon
Fondateur de Solidarité Kosovo
N.B. : les chrétiens du Kosovo ont besoin de vous. Dans quelques jours part le convoi que les enfants et leurs parents attendent avec tant d’impatience. Postez votre don le plus généreux aujourd’hui même. Il est important qu’il nous parvienne avant le départ. Merci d’avance. Chèque à l’ordre de « Solidarité Kosovo », à envoyer à l’adresse suivante : Solidarité Kosovo, BP 1777, 38220 Vizille