Au début du mois de septembre 2017, Arnaud Gouillon, directeur de Solidarité Kosovo, s’est rendu dans plusieurs enclaves du Kosovo. Avec un double objectif : d’une part visiter plusieurs écoles ayant demandé des financements pour des travaux de rénovation cet hiver (nous vous en parlerons le moment venu), d’autre part apporter du matériel à plusieurs clubs sportifs préalablement sélectionnés en lien avec le père Serdjan, notre correspondant sur place.
Ils étaient quatre clubs, dans quatre enclaves : un club de volley à Lipljan, un de football féminin à Gračanica, un d’athlétisme à Prilužje et un de karate à Štrpce. Ces quatre clubs ont été sélectionnés en raison de leur dynamisme et de leur importance pour les habitants des enclaves.
À Gračanica, le club de foot féminin est le seul du Kosovo. Il accueille des jeunes femmes de toute la ville mais aussi des villages serbes alentours. Elles s’y retrouvent dans un lieu protégé, où elles n’ont rien à craindre, où elles peuvent d’abord se dépenser physiquement mais aussi discuter entre elles, partager sur leur quotidien, se réconforter mutuellement, s’encourager. Pour chacune d’elles, c’est un bol d’air hebdomadaire qu’elles ne rateraient pour rien au monde.
Nous leur avons apporté des ballons de qualité et des tenus complètes qui viendront renforcer l’esprit d’équipe.
Des clubs portés à bout de bras
À Lipljan, tous les jeunes hommes de l’enclave – un tout petit quartier serbe au milieu d’une ville totalement albanaise – se retrouvent jusqu’à quatre soirs par semaine pour l’entrainement de volley. Là aussi, c’est un moment de convivialité important pour ces hommes dont la plupart peinent à trouver du travail. Le sport les aide tous à tenir le coup, à ne pas se laisser aller à la déprime et surtout à ne pas sombrer dans l’alcool, fléau hélas tellement répandu au Kosovo.
Là aussi, nous leur avons apporté des ballons et des tenues complètes, mais aussi plusieurs filets neufs.
À Štrpce, ils sont plus de cinquante enfants à fouler le tatami, sous la houlette bienveillante mais ferme de Marko, jeune entraîneur de 22 ans qui tient le club à bout de bras. Jusqu’à présent, ils s’entrainaient avec seulement quatre paires de gants. Malgré ces limitations matérielles, les enfants ont un niveau impressionnant qu’Arnaud Gouillon, grand amateur de sports de combat, a pu apprécier lors d’une démonstration qu’il a suivie avec intérêt.
Ils s’entrainent désormais sur des tatamis neufs… et avec une paire de gants par enfant.
Enfin, à Prilužje, ils sont là aussi une cinquantaine d’enfants à se retrouver deux fois par semaine sur un terrain d’athlétisme usé. Là encore, un jeune coach tient le club à bout de bras et le fait vivre malgré les difficultés.
Les haies, les chaussures et les survêtements que nous avons fournis au club aideront le jeune coach à dispenser un entraînement de qualité à ses élèves.
Le sport, un outil de cohésion
Tous ces clubs ne vivent bien souvent que par la volonté d’une personne, souvent un jeune homme ayant un jour refusé de voir ses compatriotes s’enfermer dans la passivité et ayant décidé de leur donner un moyen de se reprendre en main. Comme dans chacune de nos opérations, nous faisons ainsi attention à ne pas nous substituer à nos amis serbes mais à accompagner leurs initiatives, à leur donner les moyens d’aller au bout de ce qu’ils entreprennent.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le sport est fondamental pour les habitants de ces enclaves : il est un outil de cohésion sociale, il forge les corps et les volontés, mais il permet aussi parfois de quitter ces enclaves, le temps de matchs amicaux ou de compétitions en Serbie par exemple. Ces voyages hors du Kosovo sont d’ailleurs le plus souvent financés par les clubs de Serbie centrale, qui expriment ainsi leur solidarité avec leurs frères opprimés au Kosovo.