Après notre arrivée à Kosovska Mitrovica tard dans la nuit lundi 4 juillet, nous passons notre première journée sur place à revoir des amis, faire connaissance avec les membres d’un club de sport local et visiter la partie nord de la ville, où vit la population serbe. Le soir venu, nous reprenons des forces autour de spécialités culinaires revigorantes.
Mercredi, nous prenons les camions aux aurores en direction de Gračanica, pour rejoindre Bojane, le diacre qui travaille toute l’année pour Solidarité Kosovo. Nous en profitons pour passer par la capitale du Kosovo, Pristina. Malgré le temps et l’argent directement venu des Etats Unis, rien ne change… La ville est en permanence compliquée à traverser à cause de travaux qui n’avancent jamais!
Après avoir chaleureusement retrouvé Bojane, nous nous dirigeons vers le monastère de Draganac où se trouve Ilarion, un frère en charge de la restauration du lieu. Ilarion est une vieille connaissance de l’association. La première fois que nous l’avions rencontré, c’était au monastère de Visoki Decani où nous nous étions liés d’amitié, grâce à son très bon français. Il nous parle du monastère, des travaux engagés, des difficultés de la vie quotidienne, mais toujours avec un grand sourire aux lèvres. Le père qu’il aide était déjà a Draganac en 2004 lors des pogroms anti-Serbes. La situation particulière du monastère, reculé en pleine forêt, lui a permis de défendre seul, lorsque les Albanais ont tenté de le détruire. En effet, à l’approche des assaillants, l’ancien moine a fait sonner les cloches si fort que les Albanais ont pensé que les défenseurs du monastère étaient extrêmement nombreux et ont donc pris la fuite. Lorsqu’on lui parle de courage alors qu’il était seul, il nous répond qu’il n’était pas seul mais avec Dieu !
Lors de la visite du monastère, nous prenons conscience du manque cruel de meubles et de matériel de base dans chaque pièce. Nous y laissons donc une dizaine de matelas, qu’il redonnera à des familles dans le besoin, une fois les travaux terminés.
Nous repartons en direction du bureau de Solidarité Kosovo afin d’y stocker d’autres matelas à destination des familles suivies par l’association. Après une journée épuisante, nous prenons nos quartiers dans les dortoirs du monastère de Gračanica.
Jeudi, la route nous emmène à Kosovska Kamenica. Nous y retrouvons Predrag Djordjevic qui s’occupe du club de jiujitsu avec lequel nous sommes en partenariat. Après un accueil « à la serbe », donc très chaleureux, nous déposons les tatamis que nous avons reçus d’un donateur dans leur local et procédons à des interviews pour des émissions de radio et de télévision. Le soir nous sommes leurs hôtes, nous mangeons le cochon et d’autres plats locaux avec eux, bercés par les chants traditionnels serbes. Les jeunes du club ne sont pas ceux que l’on rencontre dans nos rues au quotidien. Ces jeunes ont fait le choix de rester chez eux, malgré la pauvreté, malgré l’absence de perspective d’avenir. Ils ont fait le choix d’être libres, fiers et d’aimer envers et contre tous la terre de leurs ancêtres. Parce qu’ils ont fait ce choix courageux, que nous devrons certainement faire un jour, tournons les yeux avec eux vers l’avenir parce que nos destins seront liés ou ne seront pas !
A l’autre bout de cette Europe en feux, nous avons lié des amitiés, et c’est le cœur serré mais rempli d’espoir de se revoir, que nous quittons le Kosovo et prenons le chemin de Belgrade.
Après 6h sur les routes sinueuses de Serbie Centrale, nous arrivons enfin. Le temps de garer les camions, puis de poser nos affaires, nous partons à pied vers le centre ville, avec pour objectif la statue d’Ivan Meštrović, réalisée en l’honneur de l’amitié séculaire Franco-Serbe, pendant l’Entre-deux-guerres. Après les bombardements de Belgrade en 1999, cette statue de femme avait été recouverte de graffitis et de rats. Nous nous y sommes rendus, pour rappeler qu’aux quatre coins de l’Europe, il y aura toujours un chant de fraternité qui s’élèvera à l’encontre de l’histoire que l’on veut nous faire oublier !
Nous sommes revenus à Lyon tard dans la nuit samedi 9 juillet, avec le sentiment du devoir accompli.
Au final nous avons apporté 32 m3 de matériel aux familles serbes du Kosovo que nous suivons. Au fil des convois, elles ne sont plus des inconnues pour nous. Par la force de votre soutien depuis la France, elles ne sont plus tout à fait des inconnues pour vous !
Nous souhaitons remercier encore une fois, tous les donateurs qui jusqu’à la dernière minute nous ont soutenus en envoyant du matériel ou des dons. Sans vous, ce ne serait qu’un rêve. Sans vous, il n’y aurait pas tant de sourires dans les rues de Kosovska Kamenica, de Banja et de toutes ces autres enclaves du Kosovo où un peuple chrétien souffre mille mots !
Mais le meilleur reste à venir. Nous continuerons de compter sur vous pour le futur !
Toute l’équipe de Solidarité Kosovo.