Sur les traces de l’Histoire, de la culture et de l’amitié franco-serbe

La baignade et la plage ne sont pas les seules occupations des quarante petits marins qui participent à la quatrième classe de mer de Solidarité Kosovo. Ce séjour à Corfou est également un moment de découverte et d’apprentissage. Le lieu même de ces vacances n’a pas été sélectionné par hasard puisque nous fêtons cette année le centenaire du sauvetage par l’armée française des troupes serbes évacuées sur l’île de Corfou (1915). Cet évènement est considéré comme le point de départ de l’amitié franco-serbe. 

L’île de Vido – le Verdun serbe

L’île de Vido est un îlot de quelques centaines de mètres de diamètre situé à l’embouchure du port de Corfou. Vido servait de lieu de quarantaine pour les soldats et civils serbes affaiblis et malades suite à la retraite à travers l’Albanie durant l’hiver 1915. En dépit des efforts des médecins et infirmières français présents à leurs côtés, le taux de mortalité était alors extrêmement élevé parmi les réfugiés si bien qu’il devint rapidement impossible d’enterrer les nombreuses victimes. La décision fût prise d’ensevelir les corps des défunts dans les eaux de la mer ionienne entourant l’île, qui prendra alors le nom de « cimetière bleu ». 

Cet évènement tragique a marqué la conscience collective des Serbes. L’île de Vido est devenue naturellement un haut-lieu de mémoire et de recueillement où bien souvent les prières des touristes s’accompagnent d’une émotion intense. 

Les enfants découvrent le « cimetière bleu »

Après une courte traversée en bateau, l’arrivée sur l’île se déroule dans le calme le plus total. Chaque enfant a conscience de la solennité du moment. Le groupe prend ensuite la direction du mausolée où une minute de silence est observée. Le jeune cortège rejoint ensuite la petite baie située en contrebas du site, là où les corps des défunts étaient embarqués pour un dernier voyage vers le « cimetière bleu ».  C’est à cet endroit symbolique que les enfants récitent le célèbre poème « Plava Grobnica » (« le cimetière bleu »)  du poète serbe Milutin Bojic, puis jettent chacun à leur tour une rose à la mer. L’émotion est palpable et nous apercevons des larmes scintillées dans les yeux des plus sensibles. 

La journée se poursuit par la visite du musée de la Première guerre mondiale dans la ville de Corfou. Ce lieu abrite de nombreux documents originaux, souvent écrits par des officiers français du Front d’Orient, ainsi que des photographies originales. Le directeur du musée nous émeut  particulièrement lorsqu’il déclare : « la majorité des touristes qui visite ce musée perçoit la tristesse que véhiculent ces clichés d’époque. Mais vous, les enfants du Kosovo, cette émotion, vous la ressentez au fond de vous même, car vous savez ce que « souffrir » signifie ».

Paleokrastitsa – un monastère surplombant la mer

L’excursion nous emmène ensuite au célèbre monastère de Paleokrastitsa (13ème siècle), où les enfants se sont recueillis. D’une architecture complexe, avec des escaliers et des passages couverts qui s’enchevêtrent les uns aux autres, menant  à de petites cours fleuries, le monastère, blanc, avec de très belles coupoles en tuiles rouges, est également un vrai plaisir pour les yeux. De magnifiques photos immortalisent alors le moment!

Nous concluons la  journée par une baignade au pied du monastère, dans la plus belle crique qu’abrite la péninsule de Paleokrastitsa. Rafraichis, nous rentrons à l’hôtel, la tête et le cœur remplis de souvenirs.

Le petit Dejan originaire de l’enclave de Strpce à l’extrême sud du Kosovo nous a confié avant d’aller se coucher que « cette journée a été fantastique. Nous avions étudié ce pan d’Histoire à l’école, mais aujourd’hui nous l’avons vécu et ressenti, sur le lieu même où nos ancêtres l’ont écrit, je ne l’oublierai jamais ».